The Long Hand de l'artiste Sammy Baloji fait référence à des sources diverses, qui se fondent dans une œuvre d'art faite de bronze, de briques et de plastique recyclé – trois matériaux composites. Le bronze, un alliage d'étain et de cuivre, ce dernier étant l'un des produits miniers et d'exportation les plus importants du Congo. Les briques, fabriquées à la main à Maaseik à partir d'argile et de terre extraites des terrils miniers du Limbourg. Et les déchets plastiques d'entreprises belges fondus et coulés sous forme de diamants taillés qui embellissent la figure de bronze.
La forme et le titre de la sculpture sont tirés du Lukasa, un artefact de la culture Luba du sud-est du Congo. Lukasa (ou "main longue" en kiluba) agit comme un mnémonique ou un aide-mémoire et fait partie intégrante de la tradition Luba de l'historiographie orale et de la transmission des connaissances. Avec The Long Hand, Sammy Baloji introduit cet objet de mémoire à une échelle monumentale dans la ville et renoue ainsi avec la tradition des statues et sculptures dans l'espace public comme signes commémoratifs.
Les Lukasa sont généralement en bois et richement décorés de sculptures abstraites et d'incrustations de coquillages ou de pierres (précieuses). Ils sont utilisés lors de cérémonies au cours desquelles l'histoire politique et la mythologie du peuple Luba sont racontées par un « homme de mémoire». Il tient le Lukasa dans sa main gauche et trace de sa main droite les motifs et incrustations de bijoux, qui servent de points d'ancrage à la narration performée.
Les diamants en plastique coloré ont été posés sur la surface de la statue de bronze de manière à représenter la route maritime entre Anvers et Muanda, la principale ville portuaire du Congo. La plate-forme en brique sur laquelle repose la statue a été conçue par l'artiste comme un lieu de rencontres et d'échanges.
Une autre référence importante dans le développement de l'œuvre est une citation de l'ancien bourgmestre d'Anvers, Lode Craeybeckx (1897-1976), qui disait : « Un Anversois n'a qu'à mettre la main dans l'Escaut pour être connecté avec le monde ».
A l'invitation de Sammy Baloji, Jean Kabuta a écrit un kasàlà - éloge traditionnel écrit en l'honneur d'une personne, d'un lieu ou d'un événement - intitulé La Longue Main. Vous pouvez télécharger l'intégralité du texte de ce kasàlà ici:
Réalisé avec le soutien du gouvernement Flamand.
Curateur: Samuel Saelemakers
Coordination: Estelle Lecaille, Twenty Nine studio
Développement et recherche: Ismaël Bennani & Orfée Grandhomme, Valentin Bollaert (Bureau Nord), Victor Mangindula, Maximiliaan Royakkers
Production: Art Casting, De Craecker, Bel Albatros, Helix, Wicko
À propos de Sammy Baloji
Sammy Baloji (1978) est né et a grandi à Lubumbashi (RDC). Il vit et travaille alternativement à Bruxelles et dans sa ville natale. Il a étudié l'informatique, les sciences de l'information et la communication à l'Université de Lubumbashi. Il a ensuite étudié la photographie et la vidéo à l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. En tant qu'artiste visuel et photographe, Baloji explore la mémoire et l'histoire de la République démocratique du Congo. Son travail est une enquête permanente sur le patrimoine culturel, architectural et industriel de la région du Katanga, mais il s'interroge également sur les conséquences de la colonisation belge. Ses projets en solo les plus récents: Sammy Baloji, Other Tales, Lund Konsthall en Aarhus Kunsthal (2020) ; Congo, Fragments d'une histoire, Le Point du Jour, Cherbourg (2019) ; A Blueprint for Toads and Snakes, Framer Framed, Amsterdam (2018) ; Urban Now : City Life in Congo, Sammy Baloji et Filip de Boeck, The Power Plant, Toronto et WIELS, Brussel (2016- 2017). Son travail a été présenté dans des expositions collectives telles que la Fotofest Biennale 2020, Houston ; le Palais de Tokyo, Paris (2020) ; la Biennale d'architecture de Chicago 2019 ; la 22e Biennale de Sydney (2020) ; documenta 14 à Kassel/Athènes (2017) ; le Garage Museum of Contemporary Art, Moscou (2017) ; le Smithsonian National Museum of African Art, Washington DC (2017) et la Biennale de Venise (2015). Sammy Baloji est Chevalier des Arts et des Lettres et il a reçu de nombreux prix. En 2019-2020, il a séjourné à l'Académie de France-Villa Medicis à Rome. En 2008, Sammy Baloji a cofondé la Biennale de Lubumbashi. Le 1er décembre 2022, Sammy Baloji recevra le prix biennal de la culture de la KU Leuven. Avec ce prix, la KU Leuven récompense l'artiste pour la manière dont il dépeint l'histoire coloniale.
Informations pratiques
Lieu : Scheldekaai Zuid – Cockerillkaai (près de la Zuidersluis), 2000 Anvers
Réalisé avec le soutien du gouvernement Flamand.